L’image des débuts du monachisme s’inscrit dans le contexte médiéval tardif, en permettant de justifier et de légitimer un retour à un âge d’or du monachisme, où la vie des premiers ascètes de la Thébaïde montre quelles doivent être les activités des moines, activités au premier rang desquelles se placent la prière et le travail manuel. Quand cette dernière prend trop d’importance au cours du Moyen Âge, celui-ci légitime donc le retour à des activités manuelles certes pénibles, mais aussi simples et saines, des premiers moines, et montre la vision d’un monde peuplé d’ermites, rêvé, projeté ou imaginé.
Ce monde du monachisme naissant est marqué par des grandes figures comme le sont saint Antoine le Grand, ou saint Paul ermite. Ces derniers sont souvent rappelés, il est vrai, comme point de départ jusqu’à un aboutissement monastique et une volonté de réforme, comme avec l’exemple de Jean de Stavelot. Quant au Polyptyque de Gand, il montre le rôle des premiers ermites au sein du monde, rôle de médiateurs entre les hommes et Dieu, car leur présence est constante dans l’histoire du christianisme, présence liée à une nécessité de rédemption. Ces images des origines sont aussi à mettre en relation avec les différentes réformes religieuses qu’a connues le monachisme, notamment et surtout, bénédictin, au cours du Moyen Âge. Les pratiques et fonctions de ces images sont multiples, mais outre le rôle de remémoration et d’instruction des fidèles, elles permettent également l’émotion, et par là, l’édification du spectateur.
DU MÊME AUTEUR : LAZARE ROUX