Comme bien d’autres, le désastre de 1870 et l’occupation allemande ont forcé à l’exil la famille Stoesser – Rudolphe, Elisabeth et leur fille Annelise -, originaire de Mulhouse en Alsace. Comme bien d’autres, après la déception de l’accueil en France, elle s’est tournée vers les colonies et un nouveau destin. Pour certains ce fut l’Algérie, les Stoesser ont choisi Porto-Novo où tout était à construire. C’est leur histoire que raconte Pierre Dufour dans cette saga qui s’étend sur dix ans, de 1882 à 1892. C’est une plongée dans l’Afrique sauvage et primitive de la pré-colonisation, l’Afrique des négriers, des tyrans sanguinaires, Samory et Behanzin, l’Afrique des féticheurs et des sacrifices humains, celle aussi des affrontements entre puissances coloniales par maisons de négoce interposées qui débouchera inéluctablement sur la colonisation de cette « Côte des Esclaves » qui portait si bien son nom. Mais ce roman est surtout celui de l’ambition de Rudolphe Stoesser, des tourments d’Elisabeth et des dérives d’Annelise et de leurs aventures dans cette contrée inhospitalière. C’est aussi, à travers ces personnages, l’histoire des démêlés politiques entre la France et le Dahomey, et pour finir, la défaite de Behanzin et l’annexion du Dahomey à l’Afrique occidentale française en 1893.