Ici c’est Toulon… ou tout l’autre. La formule est amusante, un rien piquante, elle est surtout de circonstance. Car son club de rugby n’a pas son pareil pour basculer du rire aux larmes, du pessimisme le plus noir, à l’euphorie toute rouge. Jadis totalement identitaire, comme lors de cette merveilleuse finale de 1985 où le seul étranger était Patrice Blachère (venu… du Vaucluse !) , le voici désormais presque totalement constitué d’une impressionnante légion intercontinentale.
Après la grande dépression financière de la fin du siècle, il se reconstitua à partir de rien à l’aube de l’an 2000. Son budget était alors l’un des plus faibles du pays. Moins de dix ans plus tard, il roule sur l’or.
Tantôt misérable mais généreux, tantôt richissime et ostentatoire, il n’en conserve pas moins ce caractère bien trempé, passionnel, émotionnel. La France le jalouse, l’aime, le déteste, mais elle lui voue une attention toute particulière.
Entre tempêtes et calme plat, le navire RCT résiste joliment à l’épreuve du temps. Et nous offre, à travers cette éternelle traversée quelques histoires d’hommes, toujours en quête d’un simple bouclier. Car c’est lui et lui seul qui peut porter la fierté d’un peuple qui ne se reconnaît, finalement, qu’à travers Mayol, son rugby, son muguet. Et c’est au printemps que son parfum l’envahit jusqu’à l’ivresse.
Écrire sur le rugby et particulièrement sur le RCT et le XV de France, semblait être le destin exclusif de Jacques Larrue. Natif du Tarn, où il entama sa carrière de journaliste, il suivit pour le quotidien Var Matin toutes les épopées toulonnaises à partir de 1983, non sans avoir vécu l’épisode hyérois pour lequel il conserve un attachement assumé.
Il ne manqua aucune des quatre finales jouées par Toulon, mais relata, avec la même fidélité et une intégrité professionnelle dont il est fier, les heures creuses du grand club Rouge et Noir.
« Il se passe toujours quelque chose au Rugby Club Toulonnais, sauf le dimanche à Mayol entre 15 h et 16 h 30 » écrivait-il avec cette pointe de malice qui séduisait les uns, exaspérait les autres.