Comme tous les samedis matins, dès neuf heures, la Grande Brasserie, elle fait peau neuve. Y sont tous là, les buveurs de kaouah dans le traditionnel verre à la turque, les commerçants du coin qui tapent un bain de jouvence auprès de l’amitié d’enfance, les joueurs de flippers qui secouent le billard comme un prunier et font Tilt à chaque partie, tout un monde bon enfant, habitué du lieu avant d’entreprendre leur journée. Je parade au milieu des profiteurs en répétant comme un samote que je vais devenir le roi des coiffeurs de Bab El Oued.
– Le roi des cornichons, ouais ! Reprennent en chœur mes amis qui me souhaitent bonne chance à leur manière.
Car, ici, la dérision et le persiflage y sont monnaie courante et celui qui s’en offusque, mieux, y va se jeter au Kassour. Au contraire, y peut se vexer s’il est pas l’objet de cette marque d’intérêt de la part des copains. Moi, je me prépare à une ruée vers l’or en ouvrant mon salon. Une sacrée journée à rendre fartasses tous les profiteurs. Pour la circonstance, j’aurai le renfort de l’ancien propriétaire du salon qui a gagné, dans sa jeunesse, plusieurs concours de coiffure en plus des courses cyclistes. Malgré les traditionnels rouspéteurs, le calme, y revient surtout quand l’ancien propriétaire y s’en mêle : le premier qui resquille, je lui tape une coupe à la bol de loubia !
– Les cheveux blancs et la réputation de sportif méritent le respect ! Commente Maurice le boucher cachir attenant le salon.
DU MÊME AUTEUR :
HUBERT ZAKINE