Alexandre (Sándor) Kisfaludy est un jeune aristocrate hongrois, lieutenant de la Garde impériale à Vienne. À la suite d’une intrigue amoureuse qui tourne mal, il est muté à Milan, puis fait prisonnier par Bonaparte et l’Armée d’Italie. Il est déporté avec d’autres officiers dans une petite ville de Provence, Draguignan. Rebuté par ses compagnons de route, dont Vizkelety (dit Vizy) son seul ami et compatriote, et choqué par les règles révolutionnaires, il décide de tenir un journal.
Grand séducteur et excellent musicien, Kisfaludy sera bien accueilli malgré la Terreur. Il gagne l’amitié du notaire Vallentin, qui le loge, et des musiciens de la ville, qui l’adoptent. Il fait la connaissance d’une jeune fille cultivée et romantique, Caroline d’Esclapon, qui vit chez son oncle, Joseph, personnage trouble. Alexandre et Caroline partagent un même isolement et un engouement pour la poésie. Ils s’éprennent inconsciemment.
Un officier municipal, le dénommé Mourraille, ex-membre du Comité de Surveillance et musicien lui aussi, était secrètement amoureux de Caroline. Il profite de la complicité de Joseph, oncle jaloux, et fait éloigner son rival. Heureusement, les amis de Kisfaludy obtiennent son retour. Ces évènements décident Caroline à lui avouer son amour. Alexandre pourra-t-il accepter de l’abandonner ? L’idéologie républicaine a changé Alexandre. Il adopte ses idées libérales et nationalistes hongroises. Son inspiration poétique s’est affirmée. Kisfaludy va contribuer à la résurrection de la langue magyare et à l’indépendance de son pays.
Cet épisode de la guerre d’Italie du jeune général Bonaparte est vu par les vaincus, les Autrichiens, depuis ce balcon sur les champs de bataille qu’était la Provence, sous le Directoire, Sándor Kisfaludy, rénovateur de la poésie hongroise du début du XIXe siècle, est célèbre en Hongrie mais inconnu en France. Les personnages, les dates et les lieux mentionnés sont tirés de son Journal, partiellement traduit par des historiens dans les années 1930.
Pierre Jean Gayrard est l’auteur notamment de « Draguignan. Le Temps Retrouvé » (Équinoxe 1997), « Un Dragon Provençal » (Actes Sud, 2001).