Hélène de Pena vient de reprendre la maison d'édition créée par Gérard Chevassut dans les années 80, avec sa librairie et imprimerie attenantes. Elle veut développer son esprit généraliste

Une page est tournée. Gérard Chevassut qui avait créé Les Presses du Midi il y a près de 40 ans a vendu sa maison d'édition toulonnaise, ainsi que sa librairie Périclès. Depuis le 10 juillet, Hélène de Pena en a repris les rênes. Cette quinquagénaire au verbe aussi assuré qu'il peut être doux fait, sans hésiter, le pari des mots sur le papier, à l'heure où beaucoup n'ont que celui de « dématérialisation » à la bouche.

Novice en édition, mais pas en livres. « La littérature, pour moi, c'est une histoire d'amour, explique-t-elle. Depuis que je suis petite, j'ai toujours eu un livre entre les mains ». Venue de Juan-les-Pins, elle connaît la maison par son père, qui en est un des auteurs historiques depuis 15 ans, sous le pseudonyme de Jérôme Jarrige, lauréat du prix du Quai des orfèvres pour l'un de ses romans policiers. Une passion de famille donc, même si ce dernier est lui aussi devenu écrivain sur le tard, à la retraite. C'est par lui qu'elle a appris que l'entreprise était à vendre.

Après un premier chapitre de vie consacré à sa famille, elle a repris ses études après 40 ans pour se former en gestion d'entreprise et ressources humaines. Elle voit dans cette nouvelle aventure le moyen « d'allier le côté professionnel et une passion de toujours ».

Une motivation romanesque que l'on rêverait de voir plus souvent dans le monde pragmatique de l'économie. Pour autant, la chef d'entreprise est aussi avisée dans ses projets. « Je suis convaincue que l'entreprise est pérenne et va se développer », estime-t-elle.

Editer des auteurs de toute la France La maison qui a pu compter jusqu'à 900 auteurs en édite aujourd'hui 350 régulièrement. « Beaucoup viennent du Var, mais aussi de la France entière. On reçoit des manuscrits de partout. On souhaite avoir des auteurs de toute la France, on ne veut pas être seulement régionaliste ».

Même si elle a conscience que « le secteur a souffert et souffre. Je pense que le livre est vivant, exprime-t-elle. Le marché des liseuses est assez stable. II y aura toujours des gens qui auront envie d'avoir du papier dans les mains ». Désireuse de s'appuyer sur ses six employés, —. « Ils sont la richesse de l'entreprise » —, elle compte aussi « rationaliser les étapes de l'activité, mettre des processus en place ».

Pas coupée de son époque : « On va développer notre présence sur les réseaux sociaux, renforcer notre présence sur Facebook — on a déjà avancé là-dessus —, l'étendre à Instagram et Twitter. Je pense que d'ici la fin de l'année, on refera tout le site Internet. On veut essayer d'organiser des évènements ».

« On est présents au salon du livre de Toulon, un évènement important. J'aimerais beaucoup être à celui d'Hyères, confirme-t-elle, participer à un maximum de salons ».

Le livre numérique n'est pas non plus un tabou... « Notre force est qu'on n'externalise pas du tout », explique-t-elle. Deux SARL regroupent la maison d'édition avec une imprimerie et la librairie (avec un coin papeterie), sur le site au 530, avenue Gasquet, où ont été regroupées en février toutes les activités, après avoir quitté le siège historique, avenue d'Orient.

« On lit le manuscrit, on le corrige, on le met en page. Après l'impression, on fabrique le livre dans notre atelier de façon artisanale », explique-t-elle, avec une personne dédiée au façonnage, jusqu'au service presse. Pas de stocks de bouquins qui s'abîment dans un coin : « On peut travailler à la demande, faire 30 exemplaires pour un auteur le lendemain en dédicace. On est très réactifs ». Plus de 20 000 exemplaires sortent par an des Presses. « Mon objectif est de développer, faire encore plus, en restant dans la diversité ».

Une maison généraliste, « qui veut le rester » donnant autant dans le roman, que le livre technique, ou dans la littérature illustrée pour enfants, les ouvrages de cuisine, les beaux livres...

Des héros de chez nous

Elle cite pêle-mêle le livre de couture, « La coupe à plat qui se vend depuis des années », un beau livre sur les parcs et jardins...

Dominique Marcoux et Jean-Michel Barra sont parmi les auteurs phares issus du local, mais il y a aussi Déborah Le Meur, cette infirmière en « néonat » à Sainte-Musse qui a écrit un livre pour les frères et soeurs d'enfants prématurés... Sans oublier les policiers de Boris Sciutto, vrai flic à Toulon...

Une maison d'édition qui accompagne nombre d'écrivains en herbe du paysage local depuis 1981, et qui les ouvre au national, car référencée dans toutes les librairies physiques ou en ligne, tout comme la sienne, Périclès propose ses propres livres, mais pas seulement.

VALÉRIE PALA

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