Page 12 - Extrait de Champ d'artichauts de Sophie Jalabert
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s le sens adultérin du terme, mais il la trompe quand
même puisqu’il raconte des salades ou qu’il ne raconte rien
du tout d’ailleurs… et ça, il n’aurait pas dû ! Manon lui en
veut, elle enrage. Il va tout gâcher, c’est même déjà fait… En
une fraction de seconde, avec une porte ouverte et refermée.
Les non-dits ont jailli, laminant sa confiance aveugle, rognant
les reliefs de sa patience, ne laissant au rivage qu’une fine
bande sableuse friable. Elle en a pourtant eu de la patience.
Une éternité d’attente avant qu’il ne se décide enfin à emmé-
nager avec elle, une autre éternité encore, en cours celle-là,
pour accepter d’envisager une grossesse. Si ça se trouve, à
cause de lui, elle n’aura jamais d’enfant. Il aura ruiné ses plus
belles années en lui faisant miroiter un futur commun effon-
dré avec le claquement de la porte. S’il arrive là tout de suite,
elle le jette, elle n’en veut plus, la déception est trop grande.
Elle a envie de l’étriper, de lui arracher les yeux. La colère est
une hydre à la face hideuse, elle dévaste les édifices et leurs
fortifications même les plus ancrés. Manon abat les fonda-
tions de sa propre histoire, elle les sape, les déchiquette. Avec
rage, elle fait voler les coussins du canapé et se saisit du télé-
phone bien déterminée à lui extorquer ses secrets. Il va payer
pour tout ça, elle va le coincer, lui mettre le nez dedans. Ça
oui, il va le cracher le morceau. Qu’il le veuille ou non, il
n’échappera ni aux explications ni aux conséquences.
Le portable n’est pas verrouillé, elle va directement
consulter les messages.
Nina : Récupéré mon tél
Marc : Good news
Nina : Fais gaffe, sois discret
Marc : Je sais
Nina : Oui mais c’est limite quand même, on aurait pu te
voir
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même puisqu’il raconte des salades ou qu’il ne raconte rien
du tout d’ailleurs… et ça, il n’aurait pas dû ! Manon lui en
veut, elle enrage. Il va tout gâcher, c’est même déjà fait… En
une fraction de seconde, avec une porte ouverte et refermée.
Les non-dits ont jailli, laminant sa confiance aveugle, rognant
les reliefs de sa patience, ne laissant au rivage qu’une fine
bande sableuse friable. Elle en a pourtant eu de la patience.
Une éternité d’attente avant qu’il ne se décide enfin à emmé-
nager avec elle, une autre éternité encore, en cours celle-là,
pour accepter d’envisager une grossesse. Si ça se trouve, à
cause de lui, elle n’aura jamais d’enfant. Il aura ruiné ses plus
belles années en lui faisant miroiter un futur commun effon-
dré avec le claquement de la porte. S’il arrive là tout de suite,
elle le jette, elle n’en veut plus, la déception est trop grande.
Elle a envie de l’étriper, de lui arracher les yeux. La colère est
une hydre à la face hideuse, elle dévaste les édifices et leurs
fortifications même les plus ancrés. Manon abat les fonda-
tions de sa propre histoire, elle les sape, les déchiquette. Avec
rage, elle fait voler les coussins du canapé et se saisit du télé-
phone bien déterminée à lui extorquer ses secrets. Il va payer
pour tout ça, elle va le coincer, lui mettre le nez dedans. Ça
oui, il va le cracher le morceau. Qu’il le veuille ou non, il
n’échappera ni aux explications ni aux conséquences.
Le portable n’est pas verrouillé, elle va directement
consulter les messages.
Nina : Récupéré mon tél
Marc : Good news
Nina : Fais gaffe, sois discret
Marc : Je sais
Nina : Oui mais c’est limite quand même, on aurait pu te
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