Page 13 - Extrait de Champ d'artichauts de Sophie Jalabert
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Marc : Pas vu ! Tu me dis quand il part ?
Nina : OK, te tel.
Alors c’était ça le coup de fil ! Roland parti, ils se retrou-
vent… Une chose est de se douter, une autre de faire face à
l’évidence. Ils s’enlacent, ils s’embrasent, leurs corps mêlés,
ses mains à lui sur son corps à elle. Insupportables visions.
Nausée, répulsion, révolte ! Et ça dure depuis combien de
temps leur petit jeu ? Depuis le début ? Il faut qu’elle sache.
Marc a effacé l’historique des appels. Il ne reste que cet
échange en mémoire. Une fois planté l’aiguillon de la jalou-
sie, son poison se propage sans que rien puisse en stopper le
flux. Une fois l’angoisse diffusée à tous les recoins de la pen-
sée, l’obsession a toute latitude. Elle mène ses armées, telle
Athéna, avec acharnement jusqu’à la destruction totale des
zones d’ombre quitte à occire du même coup les promesses
d’avenir, à rendre le terrain infertile à l’amour. Manon
cherche, Manon explore, Manon fouille. Plus rien ne compte
que la preuve. Elle ouvre les tiroirs, vide les armoires, re-
tourne les poches, secoue les manches. Rien… Elle est assise
par terre, au milieu de la chambre, des vêtements épars sur les
bouclettes du tapis devant l’armoire, en nage, désemparée et
résolue à la fois, trahie et vengeresse.
Un long sanglot monte d’elle, la secoue, psalmodiant
confusément la peur et la perte, renversant drastiquement le
flux de ses émotions. Il l’a abandonnée, elle est seule. Le cou-
peret de l’abandon, la condamne à un « pour toujours » de so-
litude qui brise net sa colère comme les flots furieux sur une
digue fortifiée. Cette fois-ci, c’est vraiment fini ! Les larmes
n’en finissent pas de jaillir, le spasme est continu, violent.
Pourquoi ? Si seulement il pouvait rentrer à la maison, là
maintenant, tout de suite. S’il pouvait revenir vers elle et la
serrer contre lui, si seulement ! Mais Marc ne revient pas, il
ne téléphone pas. Il a disparu. Elle est happée dans un vide
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Nina : OK, te tel.
Alors c’était ça le coup de fil ! Roland parti, ils se retrou-
vent… Une chose est de se douter, une autre de faire face à
l’évidence. Ils s’enlacent, ils s’embrasent, leurs corps mêlés,
ses mains à lui sur son corps à elle. Insupportables visions.
Nausée, répulsion, révolte ! Et ça dure depuis combien de
temps leur petit jeu ? Depuis le début ? Il faut qu’elle sache.
Marc a effacé l’historique des appels. Il ne reste que cet
échange en mémoire. Une fois planté l’aiguillon de la jalou-
sie, son poison se propage sans que rien puisse en stopper le
flux. Une fois l’angoisse diffusée à tous les recoins de la pen-
sée, l’obsession a toute latitude. Elle mène ses armées, telle
Athéna, avec acharnement jusqu’à la destruction totale des
zones d’ombre quitte à occire du même coup les promesses
d’avenir, à rendre le terrain infertile à l’amour. Manon
cherche, Manon explore, Manon fouille. Plus rien ne compte
que la preuve. Elle ouvre les tiroirs, vide les armoires, re-
tourne les poches, secoue les manches. Rien… Elle est assise
par terre, au milieu de la chambre, des vêtements épars sur les
bouclettes du tapis devant l’armoire, en nage, désemparée et
résolue à la fois, trahie et vengeresse.
Un long sanglot monte d’elle, la secoue, psalmodiant
confusément la peur et la perte, renversant drastiquement le
flux de ses émotions. Il l’a abandonnée, elle est seule. Le cou-
peret de l’abandon, la condamne à un « pour toujours » de so-
litude qui brise net sa colère comme les flots furieux sur une
digue fortifiée. Cette fois-ci, c’est vraiment fini ! Les larmes
n’en finissent pas de jaillir, le spasme est continu, violent.
Pourquoi ? Si seulement il pouvait rentrer à la maison, là
maintenant, tout de suite. S’il pouvait revenir vers elle et la
serrer contre lui, si seulement ! Mais Marc ne revient pas, il
ne téléphone pas. Il a disparu. Elle est happée dans un vide
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