Page 11 - Extrait de black out de Boris Sciutto
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— Tu es parti au travail le 30 septembre au matin, Pascal,
et tu n’es jamais rentré. Tu m’as juste dit que tu étais sur un
gros dossier et que tu ne rentrerais pas avant le milieu de la
nuit. Je ne sais pas ce que tu as fait pendant tout ce temps, j’ai
appelé ton portable, ton service, tu as complètement disparu
de la circulation…

*

On doit frôler les 2 semaines d’hosto et, selon mon cher
barbu intello, des « collègues » veulent me voir, et ce depuis
mon arrivée, mais, médicalement parlant, j’étais encore « fra-
gile et shooté aux médocs », alors que maintenant…

Rentrent alors deux VRP, sans l’attaché-case réglemen-
taire, qui brandissent leur superbe carte tricolore et s’annon-
çant comme étant de l’IGPN. Quoi de mieux que des bœuf-
carottes après avoir mijoté plusieurs jours dans mon jus…

Je ne sais pas si c’est parce que je fais partie de la mai-
son, mais on reconnaît facilement ces gens-là. Ils nous re-
gardent avec les yeux du vautour – ou peut-être du chacal –
devant l’antilope claudicante, attendant le bon moment
pour se régaler.

Bref. Le premier, le Vautour, 1,75 m, petite brosse grison-
nante bien régulière, un beau rasage de premier de la classe,
superbe costard marron acheté au « Paki » du coin – c’est
moins cher et ça a l’air aussi beau qu’un vrai, quand on n’a
pas de goût –, se présente comme étant le Lieutenant Patrick
MANGIN et me présente son collègue, le Chacal, resté en re-
trait, la cinquantaine légèrement entamée, 1,85 m, assez cos-
taud, le crâne lisse, faisant penser aux anciens « nervis » du
KGB, Le Capitaine Luc DAGOREV – on n’est pas loin de
L’URSS.

L’ex-agent du KGB sort son ordinateur portable, l’ouvre,
et commence à pianoter.

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