Page 8 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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llaient avec minutie chaque véhicule qui circulait dans leur
direction. Chacun voulait sa part du gâteau, et se faire la paire
de braqueurs assassins.

Le chef Bertucci Francis, OPJ local et son adjoint, le briga-
dier Plancher, croulaient déjà sous les appels téléphoniques de
leur commissaire, de l’état-major et du directeur départemen-
tal de la sécurité publique, sous la pression d’un préfet subi-
tement existant. L’obédience de la victime revenait sans cesse
dans toutes les bouches. Les regards se croisèrent ; Bertucci et
Plancher espéraient être rapidement dessaisis au profit de la PJ
toulonnaise, plus à même de gérer cette affaire criminelle qui
mélangeait braquage et homicide à connotation religieuse. Ils
se retrouvaient dans un nid à emmerdes dans lequel personne
ne voudrait poser son cul. Bertucci appela immédiatement le
procureur et, en bon commercial, argumenta l’affaire pour la
rendre encore plus importante qu’elle ne l’était déjà et, quand
il entendit les mots «… dessaisis » et « … la PJ », il serra son
poing de victoire et afficha un sourire rassurant à son adjoint.
Il raccrocha et prévint immédiatement les autorités.

Les recherches informatiques sur la plaque minéralogique
furent payantes ; un certain Sébastien Brunel, habitant la
commune voisine du Pradet, ressortait comme le propriétaire
d’un M4 aux caractéristiques similaires à celui utilisé par les
fuyards. Pas de hasard possible, il fallait le péter à son domi-
cile.

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