Page 10 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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uis près de quatorze ans et connaissait la topographie et la
population comme sa poche.
Bien qu’il fût agréablement intégré dans le service, Archi-
bald y cherchait encore sa place. Il essayait continuellement
d’être lui-même, en vain. Les semaines passaient, les affaires,
résolues ou non, s’entassaient, mais il ne parvenait pas à se
fondre dans ce moule varois.
Quand il avait demandé cette mutation, après l’affaire de
Noël dernier1, il avait vendu son appartement et passé du
temps à chercher un logement et préparer la future rentrée sco-
laire de Judith. Il s’était déplacé au commissariat de Toulon
pour se présenter et prendre la température ambiante. Dès ses
premiers pas dans son futur service, il avait trouvé l’ambiance
étrange, une anormalité flottait sous les dalles du faux plafond,
mais il n’arrivait pas à donner de sens à sa réflexion. Pourtant,
pas une journée ne se passait sans que les collègues de son
service, et ceux des autres étages ne se croisent sans se sourire,
sans partager un échange cordial, joyeux. Mais tellement faux.
Malgré les tensions qui existaient entre certains, il préférait
garder sa neutralité lorsqu’on lui demandait son avis. Il n’était
pas à sa place, mais il continuait à se lever chaque matin, se
forçait parfois, car il voyait que sa fille s’épanouissait dans sa
nouvelle vie, et c’était tout ce qui comptait pour lui à présent.
Accoudé à la fenêtre ouverte de son bureau, il fumait sa ci-
garette, mauvaise manie qu’il avait gardée d’Angèle. Chaque
bouffée avait son parfum. Si loin de lui, elle lui manquait ter-
riblement et ça n’arrangeait en rien son mal-être toulonnais.
Rochas l’avait tiré de ses pensées avec son histoire de bra-
quage.
- Allez voir sur place, l’OPJ local vous attend avec le lé-
giste.
Il écrasa sa clope dans le cendrier et, les mains dans les
poches, récupéra le lieutenant Myriam Giraud qui, dans son
professionnalisme absolu, avait pris le nécessaire pour inves-
1 Voir Noël au balcon, chez le même éditeur.
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population comme sa poche.
Bien qu’il fût agréablement intégré dans le service, Archi-
bald y cherchait encore sa place. Il essayait continuellement
d’être lui-même, en vain. Les semaines passaient, les affaires,
résolues ou non, s’entassaient, mais il ne parvenait pas à se
fondre dans ce moule varois.
Quand il avait demandé cette mutation, après l’affaire de
Noël dernier1, il avait vendu son appartement et passé du
temps à chercher un logement et préparer la future rentrée sco-
laire de Judith. Il s’était déplacé au commissariat de Toulon
pour se présenter et prendre la température ambiante. Dès ses
premiers pas dans son futur service, il avait trouvé l’ambiance
étrange, une anormalité flottait sous les dalles du faux plafond,
mais il n’arrivait pas à donner de sens à sa réflexion. Pourtant,
pas une journée ne se passait sans que les collègues de son
service, et ceux des autres étages ne se croisent sans se sourire,
sans partager un échange cordial, joyeux. Mais tellement faux.
Malgré les tensions qui existaient entre certains, il préférait
garder sa neutralité lorsqu’on lui demandait son avis. Il n’était
pas à sa place, mais il continuait à se lever chaque matin, se
forçait parfois, car il voyait que sa fille s’épanouissait dans sa
nouvelle vie, et c’était tout ce qui comptait pour lui à présent.
Accoudé à la fenêtre ouverte de son bureau, il fumait sa ci-
garette, mauvaise manie qu’il avait gardée d’Angèle. Chaque
bouffée avait son parfum. Si loin de lui, elle lui manquait ter-
riblement et ça n’arrangeait en rien son mal-être toulonnais.
Rochas l’avait tiré de ses pensées avec son histoire de bra-
quage.
- Allez voir sur place, l’OPJ local vous attend avec le lé-
giste.
Il écrasa sa clope dans le cendrier et, les mains dans les
poches, récupéra le lieutenant Myriam Giraud qui, dans son
professionnalisme absolu, avait pris le nécessaire pour inves-
1 Voir Noël au balcon, chez le même éditeur.
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