Page 3 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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Hyères, jeudi 23 juin 2016

Le canon glacé du Beretta se posa brusquement sur la
nuque de Dominique Baudouin alors qu’il s’apprêtait à ouvrir
la porte arrière de sa bijouterie, une heure et demie avant la le-
vée du rideau métallique. La ruelle, inhabituellement déserte,
présageait d’un jeudi cauchemardesque pour l’orfèvre hyérois.

- Te retourne pas ! Dépêche-toi d’ouvrir et pas de faux
mouvements, j’ai le doigt qui me démange !

Cette voix grave, aussi sèche qu’un coup de matraque en
pleine gueule, ne lui donna pas envie de jouer les héros. D’une
main tremblante, il parvint à insérer la clé sécurisée dans la ser-
rure blindée. La porte s’ouvrit, l’arme s’appuya avec insistance
sur la nuque du petit bijoutier pour le faire entrer plus rapide-
ment.

- Désactive toutes les alarmes et mets tes mains contre le
mur. Si tu te retournes, je te tue !

Le quinquagénaire s’exécuta, une vague de sueur matinale
envahit son front et dégoulina sur ses tempes. Il pensa alors à
sa femme et à ses enfants, l’une à la maison, les deux autres
au lycée.

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