Page 11 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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uer sur place, contrairement à lui qui ne prenait aucune note
et s’en remettait à sa mémoire, ses réflexions et ses collabora-
teurs. Il composait en fonction du collègue qui lui était attri-
bué. Dernier arrivé, dernier servi, avaient dit certains ; on lui
avait refilé Myriam, celle que personne ne voulait comme par-
tenaire. Aboyeuse de premier ordre, dotée d’un caractère en
acier trempé, elle avait le défaut de dire ce qu’elle pensait, en
toutes circonstances, peu lui importait la cible : victimes, té-
moins, gardés à vue, hiérarchie, tout le monde mangeait dans
la même gamelle, ses grognements s’avéraient souvent justes
et constructifs. Il fallait simplement accepter qu’elle ait le der-
nier mot, c’était sûrement ce qui plaisait à Archibald en elle.
En plus de son côté franc, il fallait l’admettre, Myriam était
« une putain de keuf », une OPJ de premier choix. Se sachant
avec elle pour gérer cette histoire de braquage qui avait déra-
pé, il partit sereinement.

Dans les couloirs et les bureaux, on s’activait sérieuse-
ment. Les collègues s’équipaient, les tiroirs s’ouvraient, les
Sig Sauer et leurs étuis s’inséraient dans les ceinturons. On
entendait les scratchs des gilets pare-balles qui s’ajustaient,
les claquements métalliques des culasses qu’on actionnait en
arrière pour chambrer une première cartouche dans le canon.
Les cigales ne chantaient plus, elles devenaient fourmis et al-
laient devoir étaler leurs compétences.

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