Page 6 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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n prit une nouvelle photo du corps, une fois sur le dos. Il vit
alors Anthony arracher la chemise de la victime et commencer
à pratiquer un massage cardiaque vigoureux et régulier.
- Début du massage cardiaque, il regarda sa montre, dix
heures et huit minutes, annonça-t-il alors.
Spectateur impuissant, Sylvain nota l’horaire sur son ca-
lepin et, depuis le seuil de l’arrière-boutique, il alternait les
coups d’œil vers l’extérieur en quête de l’arrivée providen-
tielle des pompiers.
Anthony expliqua alors la raison de son comportement :
- On ne sait pas depuis quand il est mort. Regarde, il n’est
ni froid ni raide. Je masse peut-être pour rien, mais quand les
pompiers arriveront, ils prendront le relais et pourront éven-
tuellement utiliser le défibrillateur. On ne s’arrête pas de mas-
ser, jusqu’à ce que la machine détecte une fibrillation ventri-
culaire et envoie une décharge pour accentuer cette fibrillation
et retrouver un pouls régulier. Si ça se trouve, on est en train
de le sauver, positiva-t-il.
« Ou pas », pensa Sylvain plus réaliste. Il préféra garder
cette réflexion pour lui et ne pas décourager son collègue.
Quelques minutes plus tard, pompiers, Samu et policiers
municipaux cernaient le secteur de leurs véhicules jetés de part
et d’autre dans la ruelle. Les agents municipaux empêchaient
les curieux de s’épancher sur la scène, répondant évasivement
aux multiples questions et commentaires qui s’entrecroisaient.
Relayés par les secours, les deux coéquipiers attendaient
impatiemment l’OPJ. Ce dernier sur place, accompagné par
son adjoint et le légiste, écouta la version de l’équipage avant
d’investir la scène de crime. L’officier se décomposa en dé-
couvrant la kippa qui s’était dégrafée de la tignasse du cadavre
et qui avait roulé le long du cou de son propriétaire. Meurtre et
religion étaient deux mots qui juraient considérablement dans
une procédure judiciaire. Surtout pour l’enquêteur qui n’avait
plus qu’une solution, résoudre cette affaire avant que la merde
médiatique, judiciaire, politique et religieuse ne s’étale défini-
8
alors Anthony arracher la chemise de la victime et commencer
à pratiquer un massage cardiaque vigoureux et régulier.
- Début du massage cardiaque, il regarda sa montre, dix
heures et huit minutes, annonça-t-il alors.
Spectateur impuissant, Sylvain nota l’horaire sur son ca-
lepin et, depuis le seuil de l’arrière-boutique, il alternait les
coups d’œil vers l’extérieur en quête de l’arrivée providen-
tielle des pompiers.
Anthony expliqua alors la raison de son comportement :
- On ne sait pas depuis quand il est mort. Regarde, il n’est
ni froid ni raide. Je masse peut-être pour rien, mais quand les
pompiers arriveront, ils prendront le relais et pourront éven-
tuellement utiliser le défibrillateur. On ne s’arrête pas de mas-
ser, jusqu’à ce que la machine détecte une fibrillation ventri-
culaire et envoie une décharge pour accentuer cette fibrillation
et retrouver un pouls régulier. Si ça se trouve, on est en train
de le sauver, positiva-t-il.
« Ou pas », pensa Sylvain plus réaliste. Il préféra garder
cette réflexion pour lui et ne pas décourager son collègue.
Quelques minutes plus tard, pompiers, Samu et policiers
municipaux cernaient le secteur de leurs véhicules jetés de part
et d’autre dans la ruelle. Les agents municipaux empêchaient
les curieux de s’épancher sur la scène, répondant évasivement
aux multiples questions et commentaires qui s’entrecroisaient.
Relayés par les secours, les deux coéquipiers attendaient
impatiemment l’OPJ. Ce dernier sur place, accompagné par
son adjoint et le légiste, écouta la version de l’équipage avant
d’investir la scène de crime. L’officier se décomposa en dé-
couvrant la kippa qui s’était dégrafée de la tignasse du cadavre
et qui avait roulé le long du cou de son propriétaire. Meurtre et
religion étaient deux mots qui juraient considérablement dans
une procédure judiciaire. Surtout pour l’enquêteur qui n’avait
plus qu’une solution, résoudre cette affaire avant que la merde
médiatique, judiciaire, politique et religieuse ne s’étale défini-
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