Page 4 - Extrait d'un fauteuil à la mer de Boris Sciutto
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- Ouvre le coffre, fit une seconde voix.
Il obtempéra. Ce n’était pas la première fois qu’il se faisait
braquer. Un échange verbal se fit entre la victime et ses bour-
reaux. Des questions. Des réponses. Dominique Baudouin
essayait de garder son calme, malgré les palpitations tam-
bourinant dans son cœur fragilisé par un infarctus qu’il avait
contracté deux mois plus tôt. Le stent qu’on lui avait posé al-
lait-il résister à cette nouvelle crise d’angoisse ? Il s’empressa
malgré tout de leur dire, d’une voix étouffée :
- Faites ce que vous voulez, je n’opposerai aucune résis-
tance. Je veux juste vous dire que…
- Maintenant, tu peux ! interrompit le second braqueur.
Le coup de crosse qu’il reçut à l’arrière du crâne ponctua la
phrase avant son terme et empêcha le bijoutier de s’exprimer.
Il l’empêchera même de rentrer chez lui. Il s’écroula sur le
sol, un filet rouge vif s’écoula le long de son cou, formant une
tache circulaire et opaque dans la réserve de la joaillerie.
Deux doigts posés sur la jugulaire. Plus rien.
Quelques minutes plus tard, l’arme dissimulée dans le
creux des reins, ils ressortirent par la même issue, après y
avoir jeté un coup d’œil furtif. Malgré la situation, ils restaient
calmes, maîtres de chacun de leurs mouvements. Aucune
agitation suspecte ne dénoncerait le meurtre commis dans le
cœur de cette paisible cité balnéaire. Les quelques passants
ne firent pas attention au duo qui repartait, décontracté. Ils
s’installèrent à bord d’un coupé sport BMW M4 gris métallisé
aux vitres teintées, dont le moteur vrombissant leur permit de
quitter le secteur bien avant la première alerte et l’arrivée des
véhicules sérigraphiés aux sirènes hurlantes.

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