Page 17 - Extrait de Notes de coeur de Sophie Jalabert
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ive. Elle a la rigueur organisationnelle et mentale de ses
origines allemandes ce qui lui vaut le surnom affectueux de
« kleine teutonne ». Ana, c’est avant tout un sens illimité du
service, capable – si besoin – d’accompagner l’un ou l’autre
en pleine nuit à l’aéroport ou de résoudre n’importe quel
souci d’ordre domestique sur demande avec cet air détaché de
celui qui n’a rien fait de si spécial, étonné même de l’ampleur
des remerciements.
Ce jour-là, la petite bande vit la montagne s’effondrer. En
larmes, avouant être au bout du rouleau. Son époux souffrait
de la maladie d’Alzheimer et la cohabitation était devenue in-
tolérable. Ana ne voyait pas d’issue, le corps médical n’envi-
sageant pas pour l’heure de placement : trop tôt ! Hermeline
reçut l’information à partir de son fonctionnement intrin-
sèque. Elle fut prise d’une infinie compassion en entendant
que son amie ne pouvait plus rien attendre… Le summum de
l’horreur à ses yeux, une forme pernicieuse de condamnation
à mort par étouffement dans une relation inexorablement hap-
pée vers la décrépitude. Il devint évident qu’il était indispen-
sable de lui trouver une attente fructueuse. Indispensable et
urgent ! Elle proposa donc de ritualiser les déjeuners, d’en
faire des « repas de filles », à une fréquence qui offrit à Ana
l’occasion d’une attente à la fois agréable et raisonnable. On
fixa au départ un rythme d’une fois par mois, cela tenait
compte des impératifs professionnels ou familiaux de cha-
cune, tout en se laissant la possibilité d’y ajouter des repas
impromptus en cas d’imprévus ou d’événements spécifiques.
Ce fut le point de départ d’une amitié indéfectible dont
Hermeline apprécie maintenant tout le bénéfice.
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origines allemandes ce qui lui vaut le surnom affectueux de
« kleine teutonne ». Ana, c’est avant tout un sens illimité du
service, capable – si besoin – d’accompagner l’un ou l’autre
en pleine nuit à l’aéroport ou de résoudre n’importe quel
souci d’ordre domestique sur demande avec cet air détaché de
celui qui n’a rien fait de si spécial, étonné même de l’ampleur
des remerciements.
Ce jour-là, la petite bande vit la montagne s’effondrer. En
larmes, avouant être au bout du rouleau. Son époux souffrait
de la maladie d’Alzheimer et la cohabitation était devenue in-
tolérable. Ana ne voyait pas d’issue, le corps médical n’envi-
sageant pas pour l’heure de placement : trop tôt ! Hermeline
reçut l’information à partir de son fonctionnement intrin-
sèque. Elle fut prise d’une infinie compassion en entendant
que son amie ne pouvait plus rien attendre… Le summum de
l’horreur à ses yeux, une forme pernicieuse de condamnation
à mort par étouffement dans une relation inexorablement hap-
pée vers la décrépitude. Il devint évident qu’il était indispen-
sable de lui trouver une attente fructueuse. Indispensable et
urgent ! Elle proposa donc de ritualiser les déjeuners, d’en
faire des « repas de filles », à une fréquence qui offrit à Ana
l’occasion d’une attente à la fois agréable et raisonnable. On
fixa au départ un rythme d’une fois par mois, cela tenait
compte des impératifs professionnels ou familiaux de cha-
cune, tout en se laissant la possibilité d’y ajouter des repas
impromptus en cas d’imprévus ou d’événements spécifiques.
Ce fut le point de départ d’une amitié indéfectible dont
Hermeline apprécie maintenant tout le bénéfice.
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