Page 6 - Extrait de Champ d'artichauts de Sophie Jalabert
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e, chômeur chronique, qui écumait les boîtes de nuit et les
cercles de jeu, qu’elle avait cru pouvoir faire changer et
qu’elle avait fini par quitter.
Quand Marc arrive, elle chantonne en finissant de dresser
la table où trône le bouquet de lys qu’elle a arrangé avec
grande attention. Elle l’entend poser son imperméable sur la
patère de l’entrée en grommelant. Un baiser rapide avant d’al-
ler se verser un whisky qu’il sirote à petites lapées. Elle l’ima-
gine, les yeux fermés, tête renversée, les pieds sur la table
basse, faisant glisser le liquide mordoré le long de sa trachée,
ressentant le doux picotement de la bouche à la gorge, hu-
mant les effluves avec un sourire de plus en plus paisible. Ri-
tuel de décompression incontournable après une journée
chargée. Plus tard, elle le rejoindra sur le canapé du salon. Ils
regarderont ensemble le journal de vingt heures. Après le
dîner, le ventre plein, il sera vraiment détendu, prêt à rendre
les armes. Ce sera le moment idéal, car le convaincre de pas-
ser outre ses réticences à fonder une famille ne sera pas chose
aisée.
Dans la journée, il y avait eu une espèce de signe… En ar-
rivant au portail de Madame Vial, la dernière patiente de sa
tournée dont elle faisait le pansement tous les deux jours, sa
belle-fille l’avait accueillie, son nouveau-né serré contre elle.
Le bambin avait souri alors que Manon lui caressait douce-
ment la joue. Dans son ventre, un appel, un désir si fort
qu’elle en avait frissonné. Elle entendait le tic-tac de son hor-
loge biologique tourner en accéléré, aussi vite que les ailes
d’un moulin à grain dans le mistral. La quarantaine approche
à pas de géant… En tant qu’infirmière, elle connaît les
risques des grossesses tardives. Elle s’apprête donc à sabor-
der toutes les objections de Marc pour obtenir la mise en
chantier immédiate du plus beau projet de leur vie.
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cercles de jeu, qu’elle avait cru pouvoir faire changer et
qu’elle avait fini par quitter.
Quand Marc arrive, elle chantonne en finissant de dresser
la table où trône le bouquet de lys qu’elle a arrangé avec
grande attention. Elle l’entend poser son imperméable sur la
patère de l’entrée en grommelant. Un baiser rapide avant d’al-
ler se verser un whisky qu’il sirote à petites lapées. Elle l’ima-
gine, les yeux fermés, tête renversée, les pieds sur la table
basse, faisant glisser le liquide mordoré le long de sa trachée,
ressentant le doux picotement de la bouche à la gorge, hu-
mant les effluves avec un sourire de plus en plus paisible. Ri-
tuel de décompression incontournable après une journée
chargée. Plus tard, elle le rejoindra sur le canapé du salon. Ils
regarderont ensemble le journal de vingt heures. Après le
dîner, le ventre plein, il sera vraiment détendu, prêt à rendre
les armes. Ce sera le moment idéal, car le convaincre de pas-
ser outre ses réticences à fonder une famille ne sera pas chose
aisée.
Dans la journée, il y avait eu une espèce de signe… En ar-
rivant au portail de Madame Vial, la dernière patiente de sa
tournée dont elle faisait le pansement tous les deux jours, sa
belle-fille l’avait accueillie, son nouveau-né serré contre elle.
Le bambin avait souri alors que Manon lui caressait douce-
ment la joue. Dans son ventre, un appel, un désir si fort
qu’elle en avait frissonné. Elle entendait le tic-tac de son hor-
loge biologique tourner en accéléré, aussi vite que les ailes
d’un moulin à grain dans le mistral. La quarantaine approche
à pas de géant… En tant qu’infirmière, elle connaît les
risques des grossesses tardives. Elle s’apprête donc à sabor-
der toutes les objections de Marc pour obtenir la mise en
chantier immédiate du plus beau projet de leur vie.
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