Page 11 - Extrait de noël au balcon de Boris Sciutto
P. 11
gue, la violence. La déchéance. Il se sent paradoxalement
en harmonie avec cet aspect dépréciatif de la vie, qui l’em-
porte petit à petit dans une spirale néfaste et le conforte, à
l’heure encore, dans cet élément de débauche urbaine qui
l’entoure.

Assis sur son fauteuil, il regarde longuement les secondes
s’écouler jusqu’à ce que la fatigue consente enfin à l’assom-
mer. Le sifflement ininterrompu du vent dans les entailles des
fenêtres en bois, les carreaux vibrant en permanence, l’im-
pression que le souffle violent tente de pénétrer par la force
dans chaque embrasure, le condamnent à l’éveil. Il reste assis,
les yeux fermés, la main agrippée sur sa bouteille et attend
que demain arrive avant l'heure. Sa permanence commencera,
il pourra investir son bureau et ne plus penser, ne plus réflé-
chir, ne plus souffrir.

Ce soir encore, il appellera Sarah, elle ne décrochera pas et
il lui enverra toujours le même message, qui restera sans ré-
ponse : Vous me manquez terriblement. Je t’ai pardonné,
alors revenez.

*

13
   6   7   8   9   10   11