Page 4 - Extrait de noël au balcon de Boris Sciutto
P. 4
– Comme je n’ai pas ma fille avec moi pour les fêtes, ça
me fait moins mal au cœur de bosser, mais il me faudra un ou
deux numéros à appeler en cas de besoin.
Sur cette réflexion, personne n’est dupe ; tous savent que
les années se suivent et se ressemblent pour le Commandant
Archibald Letesquieux. Il va passer le huitième Noël consé-
cutif sans sa fille Judith, âgée maintenant de douze ans. Huit
années qu’il se bat maintenant pour voir sa fille régulière-
ment. Se battre est un bien grand mot, vu qu’il refuse d’utili-
ser la justice et les avocats, espérant en toute utopie que
Sarah, son ex-femme, se montrera tôt ou tard raisonnable.
Mais ça ne semblait encore pas être pour cette année.
– Et comme ça vous pourrez profiter de vos familles,
vous !
– L’année dernière, vous m’avez fait une fleur pour la nais-
sance de mon fils, je prends la permanence avec vous.
– Merci David. Je te marque sur le tableau.
Archibald note au marqueur rouge le nom du Lieutenant
David Cazebeck dans la case correspondant à la permanence
de ce week-end à rallonge.
– Note-moi aussi. Laisse-moi juste mon 25, mais tu peux
me rajouter pour samedi et dimanche.
Archibald n’a pas besoin de se retourner, il reconnaît la
voix de son adjoint et ami, Simon. Il annote « Capitaine LAR-
CHER » dans les cases correspondantes et poursuit :
– Ce problème étant réglé, je propose qu’on aille manger à
la brasserie d’en bas, histoire de fêter Noël avant l’heure.
Le groupe du commandant descend les escaliers de ser-
vice. Tous étaient déjà emmitouflés dans leurs manteaux et
blousons, un froid de canard régnait dans les bureaux depuis
des semaines ; tous les chauffages et clims réversibles avaient
lâché en même temps, à la mi-octobre.
Ils sont six à bosser ensemble depuis cinq ans maintenant
6
me fait moins mal au cœur de bosser, mais il me faudra un ou
deux numéros à appeler en cas de besoin.
Sur cette réflexion, personne n’est dupe ; tous savent que
les années se suivent et se ressemblent pour le Commandant
Archibald Letesquieux. Il va passer le huitième Noël consé-
cutif sans sa fille Judith, âgée maintenant de douze ans. Huit
années qu’il se bat maintenant pour voir sa fille régulière-
ment. Se battre est un bien grand mot, vu qu’il refuse d’utili-
ser la justice et les avocats, espérant en toute utopie que
Sarah, son ex-femme, se montrera tôt ou tard raisonnable.
Mais ça ne semblait encore pas être pour cette année.
– Et comme ça vous pourrez profiter de vos familles,
vous !
– L’année dernière, vous m’avez fait une fleur pour la nais-
sance de mon fils, je prends la permanence avec vous.
– Merci David. Je te marque sur le tableau.
Archibald note au marqueur rouge le nom du Lieutenant
David Cazebeck dans la case correspondant à la permanence
de ce week-end à rallonge.
– Note-moi aussi. Laisse-moi juste mon 25, mais tu peux
me rajouter pour samedi et dimanche.
Archibald n’a pas besoin de se retourner, il reconnaît la
voix de son adjoint et ami, Simon. Il annote « Capitaine LAR-
CHER » dans les cases correspondantes et poursuit :
– Ce problème étant réglé, je propose qu’on aille manger à
la brasserie d’en bas, histoire de fêter Noël avant l’heure.
Le groupe du commandant descend les escaliers de ser-
vice. Tous étaient déjà emmitouflés dans leurs manteaux et
blousons, un froid de canard régnait dans les bureaux depuis
des semaines ; tous les chauffages et clims réversibles avaient
lâché en même temps, à la mi-octobre.
Ils sont six à bosser ensemble depuis cinq ans maintenant
6